QUAND ON TRICHE
Quelqu’un posa des questions concernant le sort d’une personne dont il donna le nom, l’année de naissance et l’année de décès. La réponse ? « Elle est encore en purgatoire. » Il me railla alors en disant : Cette fois il est clair que tout a n’est que de la frime : cette femme vit encore ! »
Je pesai : comment une âme du purgatoire peut-elle donc me dire que cette personne est encore en purgatoire ? J’allai chez mon directeur spirituel et lui dis : « Je n’accepte plus de questions, il y a quelque chose qui ne joue pas. »
Calmement, tranquillement, il me répondit : « Quand tu auras de nouveau l’occasion de parler avec une âme, dis-lui : « Au nom de Jésus, je vous ordonne de me dire pourquoi vous m’avez donné une réponse qui est fausse, puisque cette personne vit encore. » Je fis ce qu’il m’avait ordonné et je reçus le renseignement suivant : « Cette réponse ne venait pas d’une âme du purgatoire. » _ « De qui donc ? » L’âme répondit : « C‘était le démon, sous les apparences d’une âme du purgatoire. » « Cela est-il arrivé plus d’une fois ? » « Quand on te questionnait en toute franchise, tu as reçu de nous des réponses justes ; quand on triche, mais alors seulement, le démon a le pouvoir de s’en mêler. »
Le curé à qui je rapportais ces paroles me fit cette réflexion : « J’ai déjà pensé que le démon était là-dedans ; il ne fat pas badiner avec ces choses. Il s’agit de s’en tenir strictement avec la vérité. Le démon est le père du mensonge ; là où l’on ment, il exerce l’empire de sa puissance. »
VILLAGE EN ÉMOI
En 1954, un homme vint m’informer au sujet de deux défunts : « Je suis vraiment impatient de savoir quelle va être la réponse » dit-il. Pourquoi ? Il n’en dit pas plus : il ne demandait que la réponse. C’était l’année mariale ; cette réponse vint promptement. Un mois plus tard déjà, je pus lui annoncer : « Madame S. est délivrée et Mr. H. est encore au fond du purgatoire. » Il secoua la tête : « Ce n’est pas possible. Madame S. est morte à l’hôpital d’un avortement et elle serait délivrée, tandis que Mr H. qui était toujours le premier et le dernier à l’église serait encore au fond du purgatoire ? »
« C’est l’année mariale lui dis-je ; je reçois tant de réponses que j’ai peut-être confondu en notant ; je demanderai encore ».
Je répétai donc ma question. On me répondit : « Tu as noté juste, c’est bien ainsi. »
Je le communiquai à l’homme qui ne voulut plus rien croire de tout cela.
Il était du même village que Madame S. et Mr. H. La moitié du village avait été mise en émoi par ces deux réponses, mais je n’y pouvais rien changer.
Or il advint que, de ce même village, m’arriva une femme qui avait fort bien connu Mme S. et Mr. H. Elle était d’un avis contraire : « On s’est indigné de votre réponse, me dit-elle ; moi ce qui a fortifié m’a fortifié e dans ma conviction, c’est justement votre réponse concernant les deux cas. »
C’est pour cela précisément qu’elle était venue. Elle continua dans ces termes : « Je puis dire que j’ai connu Mme S. comme si elle avait été ma propre sœur. Elle était faible au point de vue moral, c’est vrai, mais elle en a beaucoup souffert ; cela venant, chez elle, en très grande partie de l’hérédité. Elle est morte d’un avortement, c’est vrai ; mais le prêtre qui l’a assisté au moment de la mort a dû reconnaître : « Je voudrais mourir dans des sentiments de repentir tels que cette femme. » Elle est morte dans le Seigneur et a été enterrée religieusement. Mr. H. en revanche état bien le premier et le dernier à l’église, mais il critiquait sans cesse les autres. Ce qui m’a indigné le plus, c’est que lors de l’enterrement de Mme S., personne n’était aussi excité que ce Mr H. I ne put s’empêcher de faire cette réflexion : « Une telle charogne ne devait pas être enterrée dans le cimetière. »
Reconnaissante de cette explication, je dis à cette dame : « Maintenant, tout est clair pour moi. Le Seigneur ne veut pas que nous jugions les autres. Mr H. a condamné cette femme : pourtant Dieu a été miséricordieux envers lui puisqu’il est quand même sauvé ; car il est très dangereux de condamner quelqu’un. »
Nous ne pouvons prononcer de sentence contre personne. Supposons que vingt personnes commettent la même action, vue extérieurement : la faute peut être différente pour chacune d’elles. Il y a tant de facteurs à considérer pour juger : éducation, hérédité, connaissance, état de santé, comportement, entourage. Nous ne pouvons donc jamais juger.
Y A-T-IL AUSSI DES ENFANTS EN PURGATOIRE ?
Oui, es enfants, même les enfants qui ne vont pas encore à l’école peuvent aller en purgatoire. Dès qu’un enfant sait que quelque chose n’est pas bien, s’il le fait quand même, il y a faute.
Bien sûr, pour les enfants, le purgatoire n’est ni long, ni pénible, parce qu’il leur manque le plein discernement. Mais ne dites pas qu’un enfant ne comprend pas encore ! Un enfant comprend plus que nous croyons ; il a une conscience bien plus délicate qu’un adulte.
QUEL EST LE SORT DES ENFANT MORTS SANS BAPTÊME, DES SUICIDES, ETC. ?
Ces enfants ont aussi un « ciel » ; ils y sont heureux, mais ils n’ont pas la vision de Dieu. Cependant, ils en savent si peu à ce sujet, qu’ils croient avoir ce qu’il y a de plus beau.
Qu’en est-il des suicidés ? Sont-ils damnés ? Non, dans la plupart des cas, ils ne sont pas responsables de leur acte. Ceux qui sont coupables que ces gens se soient suicidés, portent, eux, une bien plus grande responsabilité.
Les membres d’autres religions vont-ils aussi au purgatoire ? Oui, même ceux qui ne croyaient pas au purgatoire. Mais ils y souffrent pas autant que les catholiques parce qu’ils n’avaient pas les sources de grâces dont nous disposons ; sans doute, ils n’ont pas a même félicité.
Les âmes du purgatoire ne peuvent-elles rien faire pour elles-mêmes ? Non, absolument rien, mais elles peuvent nous aider beaucoup si nous le leur demandons.
ACCIDENT DE LA CICULATION A VIENNE
Une pauvre âme me fit ce récit : « J’ai été tué sur le coup en moto à Vienne parce que je n’ai pas observé les lois de la circulation. C’était ma destinée. » Je lui demandai : « Etais-tu prêt pour entrer dans l’éternité ? » _ « Je n’aurais pas été prêt, avoua-t-il mais Dieu donne à quiconque ne pèche pas contre Lui avec insolence et présomption, deux à trois minutes pour pouvoir s’exciter encore à la contrition. Et ce n’est que celui qui refuse qui est damné. »
Son commentaire fut intéressant et instructif : « Dans de tels cas, les gens disent souvent : « C’était son heure ». C’est faux. Il n’en est ainsi que lorsqu’une personne meurt sans qu’il n’y ait rien de sa faute : alors on peut dire que c’était son heure. D’après les desseins de Dieu, j’aurais pu vivre encore trente ans ; c’est alors que le temps de ma vie aurait été écoulé. C’est pourquoi nous n’avons pas le droit d’exposer notre vie à un danger de mort, sauf en cas de nécessité. »
UNE CENTENAIRE SUR LA ROUTE
C’était en 1954, vers 14h. 30 de l’après-midi. J’étais en route pour Marul. Dans la forêt, avant de passer sur le territoire de cette commune voisine de la nôtre, je rencontrai une vieille femme. Je pensai : « En voilà une qui a sûrement plus de cent ans », tant elle me paraissait âgée. Je la saluai amicalement._ « Pourquoi me salues-tu ? dit-elle, personne ne me salue plus. » Je la consolai : « Vous méritez aussi bien d’être saluée que n’importe qui. » Elle commença à se plaindre. « Personne ne me donne plus cette marque de sympathie ; personne ne me donne rien à manger et je dois dormir sur la route. » Ce n’est pas possible, pensai-je : elle n’a plus sa tête à elle. J’essayai de lui montrer que cela ne se pouvait pas. _ « Mais si », répondit-elle. Je pensai que, si c’était une ennuyeuse, on ne voulait pas la garder longtemps vu son grand âge, et je l’invitai à manger et à dormir chez moi. « Ah mais ! je ne peux rien payer. » _Aucune importance, mais il vous faut accepter ce que j’ai à vous offrir : je ne suis pas bien installée, mais ce sera toujours mieux que de dormir sur la route. Là-dessus, elle me remercia : « Dieu vous le rende ! Maintenant je suis délivrée » et elle disparut. Je n’avais pas du tout remarqué jusqu’à ce moment que c’était une âme du purgatoire. Sûrement elle avait dû, de son vivant, repousser quelqu’un à qui elle aurait dû venir en aide ; maintenant, il lui a fallu attendre que quelqu’un lui offrît spontanément à elle ce qu’elle avait refusé à autrui.
RENCONTRE DANS UN TRAIN
« Me connais-tu ? » me demanda une âme. Je dus répondre que non._ « Mais tu m’as déjà vu : en 1932 tu as fait le voyage avec moi jusqu’à Hall : je fus alors ton compagnon de route. » Je m’en souvins très bien ; cet homme avait critiqué tout haut, dans le train, l’Eglise et la religion. Bien que je n’eusse alors que 17 ans, je pris la chose à cœur et lui dis qu’il n’était pas un brave homme, puisqu’il dénigrait ainsi les choses saintes. « Tu es bien trop jeune pour que je me laisse faire la leçon par toi », répondit-il pour se justifier. _ « Pourtant je sus encore plus intelligent que toi », lui répondis-je hardiment. Il baissa la tête et ne pipa plus mot. Quand il descendit du train, je priai Notre-Seigneur : « Ne permettez pas que cette âme se perde ! » « Cette prière m’a sauvé conclut cette âme ; sans elle j’aurais été damné. »
UNE FEMME SAUVE UN VILLAGE
En 1954, une avalanche causa chez nous une grande catastrophe. Dans le village voisin, Fontanella, mourut peu après une femme du nom de Stark, qui avait été malade durant trente ans. On se racontait que cent ans auparavant, des avalanches avaient causé des ravages, mais qu’alors cela avait été encore pire. Après cette première dévastation, on avait planté une forêt pour protéger le village. Lors de l’avalanche de 1954, cette forêt fut presque entièrement arrachée. Quelques arbres continrent la force de la neige, sans quoi la moitié du village aurait été balayée.
Quand Mme Stark fut morte, peu après cette catastrophe, je pus apprendre ceci des âmes : c’est uniquement cette femme qui par ses prières et ses sacrifices, a fait que ces arbres tiennent bon. Elle avait offert toutes ses souffrances pour le bien de sa commune et lui avait obtenu de nombreuses grâces. Si elle avait eu la santé, elle ne l’aurait pas pu. Par la souffrance supportée avec patience, on sauve plus d’âmes que par la prière.
Il est évidemment plus facile d’exhorter u malade à souffrir avec patience que de persévérer soi-même humblement.
Je sais ce que c’est de souffrir : c’est justement parce qu’elle est si pénible que la souffrance a tant de valeur! Ne la regardons pas toujours comme une punition : elle peut être acceptée comme expiation non seulement pour nous-mêmes, mais avant tout pour d’autres.
Le Christ était l’innocence même et c’est Lui qui a souffert le plus pour l’expiation de nos péchés. Ce ‘est qu’au ciel que nous saurons tout ce que nous avons obtenu par la souffrance supportée avec patience, en union avec les souffrances du Christ.
La manière la plus efficace d’offrir nos souffrances, consiste à les remettre entre les mains de la Mère de Dieu, pour qu’Elle les distribue à qui Elle veut, car Elle sait où elles sont le plus nécessaires.
POUBELLE, MAIN NOIRE ET PROFANATION DE CROIX
« Que fais-tu avec cette poubelle ? » demandai-je à une femme que je rencontrai, une poubelle à la main. « C’est ma clef du paradis », répondit-elle, rayonnante. Je n’ai pas beaucoup prié durant ma vie ; j’allai rarement à l’église, mais une fois, avant Noël, j’ai nettoyé gratuitement toute la maison d’une pauvre vieille femme. Ce fut mon salut ! Preuve que tout finalement dépend de la charité.
Une rencontre resté pour moi inoubliable est celle de ce prêtre dont la main était noire. Je lui en demandai la cause. « J’aurais dû bénir davantage » me déclara-t-il. « Dis à tous les prêtres que tu rencontres qu’ils doivent bénir davantage ; qu’ils peuvent répandre ainsi de nombreuses bénédictions et conjurer les forces du mal. »
Un jour, après m’avoir dit ce dont elle avait besoin pour sa délivrance, ne âme ajouta : « Si l’on me fait cela, je serai contente. » Rien de plus, sinon où et quand elle avait quitté ce monde.
Je l’annonçai à sa parenté que je ne connaissais pas. Ces gens restèrent d’abord sceptiques. Ils voulurent savoir si toutes les âmes disaient : « Si l’on me fait cela je serai contente. » « Jusqu’ici », dis-je, « c’est la première fois qu’une âme s’est exprimée ainsi ».
Ils voulurent alors savoir pourquoi elle avait bien pu dire cela. Je répondis que je n’en savais rien. _ « Eh bien, nous le savons, dirent-ils pensifs ; c’était comme la devise de notre père ; il disait toujours : « Si vous faites cela je serai content ; voilà pourquoi nous vous croyons. » C’étaient des gens qui n’allaient plus à la messe le dimanche, pensant que ce n’était pas là un commandement de l’Eglise et non pas un commandement de Dieu.
Je leur expliquai qu’un commandement de l’Eglise comptait, dans l’éternité, autant qu’un commandement de Dieu ; que la seule différence consistait dans le fait que l’Eglise pouvait abroger ou changer un de ses commandements à elle, tandis que c’était impossible pour les commandements de Dieu.
« J’ai commis un crime contre Dieu », m’avoua un homme, « j’ai piétiné une croix dans ma fureur, en faisant la réflexion que s’il y avait un Dieu, il ne permettrait pas cela. Mais Dieu ne toléra pas qu’on se moquât de Lui. Je fus frappé de paralysie sur place. Ce fut mon salut ». Finalement, il me dit ce que sa femme devait faire pour lui et comment on pouvait lui adoucir le purgatoire.
Sa femme était sortie de l’Eglise catholique, mais mon message lui fit une profonde impression. _ « Que mon mari avait profané une croix, nous n’étions que lui et moi à le savoir. Je ne l’ai raconté à personne et mon mari n’a pu, lui non plus, le confier à personne. Si cette inconnue peut dire cela, je dois le croire. » Et elle rentra dans le sein de l’Eglise catholique.
Un médecin vint un jour, se plaignant qu’il devait souffrir pour avoir abrégé la vie des patients par des piqûres, pour qu’ils n’eussent plus autant à souffrir. Il dit que la souffrance avait pour l’âme, quand elle la supportait avec patience, une valeur infinie ; qu’on avait bien le droit de soulager de grandes souffrances, mais non de raccourcir la vie par des moyens chimiques.
BIEN MAL ACQUIS
Un jour j’eus une visite. Dans le corridor déjà, je l’entendais gronder. J’ouvris la porte pour voir. C’était un homme. Il demanda sur un ton dédaigneux : « Où est donc cette fumisterie d’âmes du purgatoire ? » _ « Viens te promener par ici, lui répondis-je ; il n’y est pas question de fumisterie d’âmes du purgatoire. » Alors en bougonnant, il arriva tout droit à son affaire : « Est-ce à vous que Monsieur E. est apparu ? » J’avais devant moi un de ses parents à qui j’étais allée annoncer, de la part de Mr E. qu’ils devaient rendre le bien al acquis. Je répondis affirmativement à sa question. Il commença alors à tempêter que ce n’était pas vrai, que ce n’était l qu’un truc pour extorquer de l’argent, de la charlatanerie… « Quel bien mal acquis devons-nous rendre ? » _ « Je ne sais pas, lui expliquai-je ; j’ai seulement reçu mission de demander à cette famille de restituer le bien mal acquis ; lequel ? c’est à vous de le savoir. » Il sut alors très exactement lequel. J’appris bientôt, par ses propos, que sa foi chrétienne n’allait pas plus loin ; il tempêta aussi contre le pape, l’Eglise, la religion. Je lui expliquai tranquillement ce qu’il en était de tout cela ; il se calma alors et dit : « S’il en est ainsi, il faut que je commence une autre vie ; je n’avais plus confiance en aucun prêtre, mais maintenant il faut que je recommence à croire en Dieu, car jamais vous n’auriez pu savoir que dans notre propriété il y eût du bien mal acquis. Tous les membres de la famille eux-mêmes ne le savaient pas. »
Une autre fois, il vint une femme : « J’ai dû souffrir 30 ans au purgatoire parce que je n’ai pas laissé ma fille aller au couvent » avoua-t-elle. Quand des parents donnent un enfant à Dieu et que Dieu l’appelle au sacerdoce ou à la vie religieuse, s’ils s’y opposent, ils ont une lourde responsabilité.
Je sais par les âmes que beaucoup de jeunes gens seraient appelés au sacerdoce, mais que leurs parents ne le permettent pas ; ils ont à en répondre.
LA FEMME QUI AVAIT LE PLUS TERRIBLE PURGATOIRE
Un homme m’écrivit une lettre : sa femme était morte depuis un an ; dès lors on frappait chaque nuit des coups dans sa chambre. Il me demandait si je ne pourrais pas venir voir ce que c’était.
J’y allai. Je lui dis que je n’étais pas sûre d’apprendre quelque chose. Peut-être sa femme ne pouvait-elle pas encore s’annoncer. Il faudrait, dans ce cas, abandonner cela à la Providence.
J’ai dormi dans cette chambre. Vers 23h. 30 environ, le tapage commença. Je demandai aussitôt : « Que veux-tu ? Que dois-je faire ? » Je ne vis personne et ne reçus pas de réponse. Je pensai que cette femme ne pouvait pas encore parler. Au bout de cinq minutes, j’entendis un piétinement effrayant ; un gros animal arriva, ce qui jamais encore ne s’était produit. C’était un hippopotame.
Je jetai aussitôt de l’eau bénite et demandai : « Comment puis-je t’aider ? » Pas de réponse ; c’était sinistre. Alors survint le démon qui enserra l’animal… l’enserra pour l’étrangler. Puis soudain il disparut. Je me laissai aller à de sombres pensées. « Pourtant, me dis-je, cette femme ne doit pas être damnée. » Peu de temps après vint une âme sous une apparence humaine, comme elles viennent toujours chez moi ; elle me consola : « Ne crains pas ; cette femme n’est pas damnée, mais elle subit le plus terrible purgatoire qui soit. »
Elle m’en dit la cause. Cette femme avait vécu, durant des dizaines d’années, e inimitié avec une autre femme ; inimitié dont elle était la cause. Son ennemie avait souvent voulu faire la paix, mais elle avait refusé ; même pendant sa dernière maladie, elle avait écarté ses avances avec rudesse et elle était morte ainsi.
Nous avons là une preuve de la sévérité avec laquelle Dieu punit ceux qui se comportent d’une manière hostile à l’égard du prochain, parce que c’est là une attitude diamétralement opposée à la charité. On en vient souvent, dans la vie, à des querelles ; mais il faut veiller à ce que cela s’arrange au plus vite, pardonner le plus tôt possible. La charité dépasse tout ; on ne saurait assez le dire ; elle couvre une multitude de péchés.
TUÉ PAR UNE AVALANCHE
C’était en 1954, lors de la catastrophe casée par ne avalanche. Un jeune homme de 20 ans qui habitait une maison à l’abri des avalanches entendit pendant la nuit des appels au secours. Il se leva aussitôt et voulut se hâter de venir en aide. Sa mère le retint : « Après tout c’est aussi à d’autre d’aider une bonne fois, quand il descend des avalanches ; il a trop de danger dehors. » Le jeune homme ne se laissa pas arrêter ; il se précipita vers le lieu d’où venaient les appels au secours, mais fut lui-même englouti sous une avalanche et tué.
La deuxième nuit après, déjà, il vint me prier de faire dire trois messes pour lui. Sa parenté s’étonna qu’il pût être si tôt délivré, car il n’était pas très fervent, au point de vue religieux.
Mais le jeune home ‘avait confié que si Dieu avait été si miséricordieux pour lui, c’était parce qu’il était mort au service du prochain par amour : jamais plus il n’aurait pu, s’il avait vécu encore, faire une aussi belle mort.
Nous ne devons jamais nous laisser décourager lorsqu’il arrive de tels accidents. Nous ne savons jamais quelle en est l’utilité. Dans ces cas, les gens disent que c’était un brave jeune homme, ou une brave jeune fille. J’ai connu maints braves jeunes gens et jeunes filles qui ont ris ensuite le mauvais chemin. Dieu seul sait ce que seraient devenus ces braves jeunes. Ce n’est que dans l’éternité que nous connaîtrons la bonté de Dieu à notre égard.
SATAN SE DÉGUISE
Une âme vint un jour me commander : « Ne t’occupe pas de la prochaine âme qui viendra ». J’avais ordre de mon directeur de m’occuper de toutes les âmes ; aussi demandai-je : « Pourquoi ne dois-je pas m’occuper de cette âme-là ? » _ « Parce qu’elle a besoin q’on supporte de telles souffrances pour elle, que tu n’en est pas capable ! »
« Dans ce cas, Dieu ne la laissera pas venir. Je fus alors rudoyée : « Dieu verra si tu obéis ou non ! » Quand je ne m’y connais pas et je ne suis pas sûre, j’invoque le Saint-Esprit. Jamais encore il ne m’a abandonnée.
Aussitôt, il me vint l’idée que ce pouvait être le démon. Ma décision fut prompte : je lui commandai : « Si tu es l’Ennemi, au nom de Jésus, retire-toi ! » Soudain un cri ! L’apparition avait disparu. Je connus alors que c’était l’Ennemi, sous les apparences d’une âme du purgatoire.
Le jour où il y a chez nous une messe pour les morts à 9 heures, on distribue la Sainte Communion à 7 heures. Un de ces jours-là, je me rendis à l’église à 6.45 heures. Il y avait le plus souvent, deux ou trois personnes ; mais ce jour-là, j’étais seule. Tout à coup arrive notre curé très agité. Dans sa hâte, il ne fait même pas de génuflexion, vient droit à moi et me déclare énergiquement : « Vous ne pouvez pas communier aujourd’hui ». Puis il sort à vive allure, sans faire de génuflexion non plus.
Je ne m’expliquais pas la chose ; je me mis à réciter mon chapelet. Peu avant 7 heures, mon directeur spirituel entra tranquillement à l’église. Je pensai : « il va repartir tout de suite puisque je ne puis pas m’approcher de la Sainte Table et qu’il y a personne d’autre ». Mais contre mon attente, il se rendit à la sacristie. Je regardai autour de moi, pour voir si peut-être il y avait quelqu’un d’autre. Mais personne !
J’allai donc à la sacristie et demandai : « Pourquoi ne puis-je pas recevoir la communion aujourd’hui ? » _ « Qui a dit cela ? _ « Mais vous m’avez dit que je ne pouvais pas communier aujourd’hui »
Il voulut savoir quand il me l’avait dit. Je lui racontai ce qui s’était passé. Il me tranquillisa : « Dites-vous bien que je n’ai pas encore été à l’église aujourd’hui. C’était l’Ennemi ; allez tranquillement communier ».
J’ai connu, à Appenzell, une dame, Maria Graf, simple femme de paysan, qui avait souvent des apparitions de la Très Sainte Vierge et en recevait des messages. Madame Graf vint un jour chez moi pour me demander conseil. D’une part, elle se sentait obligée de faire connaître ces messages au monde, d’autre part, ‘évêque désirait qu’elle ne dise rien.
Je demandai : « Pouvez-vous parler souvent avec la Très Sainte Vierge ? Sur sa réponse affirmative, je lui conseillai de demander à la Très Sainte Vierge ce qu’elle devait faire ; elle savait bien que l’évêque le défendait. Elle lui posa la question et reçut cette réponse : Obéis à l’évêque. Je veillerai moi-même à ce que les messages se répandent. »
Madame Graf obéit. A Appenzell, personne ou presque ne croyait à ces faveurs extraordinaires ; même son mari n’y croyait guère. Mais on ne saurait contrecarrer les plans de Dieu. Peu après a mort de madame Graf, survenue le 19 février 1964 se produisit une guérison extraordinaire due à son intervention. Cela réveilla l’attention. O vint chez son mari, le prier de voir si sa femme n’avait rien écrit. On trouva ses notes dans lesquelles la Sainte Vierge exprimait maintes de fois le désir qu’on récite le rosaire pour la conversion des pécheurs ; qu’il était d’une grande puissance contre les assauts du démon.
Peu après avoir appris cela, je reçus deux lettres dont le contenu était presque identique : « Chez nous il se passe des choses étranges. Ce doit être le démon qui est à l’œuvre. »
Je pensai : « Je vais écrire aux deux de réciter chaque jour le rosaire pour la conversion des pécheurs. »
C’était le 16 décembre 1964 en plein jour. Je pris deux feuilles de papier à lettres, les mis au beau milieu de ma table avec les deux enveloppes à côté. J’ai l’habitude d’écrire d’abord l’adresse sur la première enveloppe. Soudain, sifflement strident. Je fus saisie de frayeur. Le démon était près de moi. Il m’arracha les deux feuilles de papier qu’il traîna jusqu’au coin de la table, laissant sur les feuilles une marque de brûlure. Ce fut pour moi une preuve de la puissance du rosaire contre le démon.
EXHORTATIONS DONNÉES PAR LES ÂMES DU PURGATOIRE
Souvent aussi, Maria Simma a reçu de la part des âmes des exhortations et des conseils pratiques. Citons-en brièvement quelques-uns.
Le Très Saint Sacrement de l’autel n’est plus honoré comme il devrait l’être. Dans bien des églises modernes, le Saint Sacrement n’est plus au centre de l’église.
Souvent, on fait des tableaux et des statues qui bafouent ce qu’ils devraient représenter.
C’est aussi un manque d’humilité et de respect qu’on reçoive la Sainte Communion debout, sans aucune génuflexion.
Le rosaire devrait être mis davantage en honneur. La prière du rosaire a une grande puissance : Marie est le secours des chrétiens.
Partout, je choque les gens quand je dis, sur l’ordre des âmes du purgatoire, que les habits immodestes, telles les mini-jupes poussent à l’immoralité. Il faut prendre la chose au sérieux : les femmes ont sur ce point une grande responsabilité.
Les âmes désirent aussi que nous fassions à temps notre testament. Que de fois naissent des querelles qui se continuent de génération en génération, parce que, ou bien on n’a as fait de testament, ou bien on ne l’a pas fait selon la justice.
Il importe que chacun contribue à ‘avènement du Royaume de Dieu. Les parents ont une grande responsabilité quand ils ne laissent pas leurs enfants y travailler activement. La jeunesse se rend coupable quand, par amour des aises, elle néglige d’accomplir une bonne action.
CONSTRCTION D’UNE CHAPELLE
Une âme du purgatoire déclara que la Très Sainte Vierge désirait l’érection d’une chapelle à Sonntag ; elle en désigna l’endroit exact, parce qu’il s’y trouvait autrefois un petit oratoire de la Très Sainte Vierge. Cet oratoire disparut en son temps lors de la construction d’une route ; on promit de le reconstruire. Mais comme cela arrive, on oublia. Il fallait une chapelle assez grande pour qu’on y puisse célébrer la messe.
Je renseignai mon directeur spirituel. Il prit aussitôt la chose au sérieux, car il savait qu’ily avait eu autrefois un oratoire en cet endroit, ce que, personnellement, j’ignorais : seules les personnes âgées pouvaient encore s’en souvenir.
La construction de la chapelle devait être assurée au moyen de dons. Dans la commune, il y eût des difficultés. Les gens ne voulaient pas comprendre que la chapelle devait être bâtie là où, précisément, il n’y avait que deux maisons, et non pas dans un endroit où il y e avait plusieurs. Sur le désir de mon directeur, je demandai à une âme si la chapelle ne pouvait pas être construite dans le hameau de Turtsch, où il y a davantage d’habitants.
Voici la réponse : « Si les habitants de Turtsch désirent une chapelle, il faut qu’ils la paient eux-mêmes ; leur chapelle ne doit pas être payée avec les dons qui ont été faits ».
La chapelle fut donc bâtie à l’endroit désiré et cela avant tout sur l’initiative de mon directeur spirituel, M. Alphonse Matt.
Comme il n’y avait encore au Vorarlberg aucune chapelle en l’honneur de Notre-Dame des Pauvres de Banneux, la Très Sainte Vierge désira une statue de Banneux dans cette chapelle.
Le recteur de Banneux apporta lui-même à Sonntag une statue qui avait été bénite à Banneux.
Quand la chapelle fut terminée, la Mère de Dieu exprima, par l’entremise d’une âme, le désir qu’on y plaçât un tableau la représentant comme Mère de Miséricorde pour les âmes du purgatoire. Mais il fallait que ce soit un tableau d’une beauté naturelle et non pas une de ces peintures contorsionnées d’art moderne.
Je demandai à la Mère de Dieu un bon peintre. Peu après arriva un prêtre polonais, le Père Stanislas Skudrzyk S.J. Je lui exposai mon désir. Il m’apprit qu’il connaissait à Cracovie un bon peintre, le professeur Adolf Hyla, qui serait capable de faire un beau tableau. Le jésuite polonais, P. Stanislas, habitant Hambourg, prit tout en mains, y compris la question financière et le transport via la Pologne à Sonntag, qui se déroula sans incident.
Au mois de mai 1959, la chapelle fut bénite ; elle est, depuis, un lieu de pèlerinage et un mémorial des âmes du purgatoire ouvert à tous les pèlerins.
La situation de ce lieu de grâces, au-dessus du dernier village du Grosswalsertal, le calme, a vue sur une vallée alpestre des préalpes au sein des prairies alpines, pleines du parfum des fleurs et du chant des cigales est unique. Quiconque veut se retirer pour prier en silence en pleine nature, près de Dieu, y trouve une petite cellule où il se sait merveilleusement caché.

